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Le secret de Saint Polycarpe

Dans la nef de l'abbatiale de Saint Polycarpe, (Aude) il existe deux tableaux placés face à face qui semblent ne pas avoir de rapport, puisque l'un décrit la présentation de Jésus au temple, et l'autre une méditation de Saint Polycarpe et de Saint Benoît devant le Christ crucifié


La présentation au temple

Saint Polycarpe et Saint Benoît


Le tableau qui va guider notre réflexion est la méditation de Saint Polycarpe et de Saint Benoît devant le Christ mort. Saint Polycarpe était évêque de Smyrne au début du deuxième siècle et Saint Benoît vécut au VI e siècle. Il établit la règle qui gouverna l'ordre des Bénédictins. Ce tableau est bien sûr une allégorie, car la rencontre de ces deux hommes n'a pu se faire, qui plus est en présence du Christ. L'auteur a préféré les peindre en pleine possession de leurs moyens, donc assez âgés. Ils tiennent tous les deux la crosse, symbole de leur charge d'évêque.
Saint Polycarpe, évêque de Smyrne, a combattu, en particulier, les hérésies qui au début de la chrétienté ont écloses tout autour de la Méditerranée. On dit qu'il aurait connu Jean l'évangéliste et été son disciple. Il a laissé un écrit : l'épître aux Philippiens.
Saint Benoît originaire de Rome fut l'auteur de nombreux miracles et vécut en grande partie sa vie en l'abbaye du Mont Cassin en Italie. Il est représenté ici en compagnie de Saint Polycarpe puisque les moines de l'abbaye étaient des Bénédictins.
St Polycarpe aura comme élève St Irénée, futur évêque de Lyon, qui sera un des premiers à admettre et à rejeter des livres dans le Canon. C'est-à-dire les livres sur lesquels l'église va asseoir sa doctrine.
Revenons à notre tableau. Il montre St Benoît, vêtu de noir et tenant un livre fermé. St Polycarpe en revanche porte sa tenue d'évêque et semble beaucoup plus en lumière. Il est le saint patron du lieu. Au centre, entre les deux personnages, un Christ en croix. En arrière-plan, deux cavaliers s'éloignent vers une ville de laquelle dépasse le clocher d'une église à coupole surmontée d'un coq très visible. Peut-être est-ce une église régionale reconnaissable. A gauche, un donjon très élevé qui pourrait être le clocher d'une abbaye. Au pied de la croix, un livre ouvert sur lequel est posée une épée hors de son fourreau. En haut du tableau à gauche une éclipse, c'est elle qui plonge le tableau dans la pénombre.
Certes l'évangile parle d'une pénombre qui s'étend sur la terre à l'heure de la mort du Christ mais ne précise pas s'il s'agit d'une éclipse. Ce phénomène, ici, a un tout autre sens. Il est un signe que donne le peintre au spectateur de ce tableau. Une éclipse c'est un objet qui cache la lumière. Il nous dit derrière cette image, il y a autre chose. En un mot : il y a quelque chose de caché dans ce tableau. C'est là une technique souvent utilisée dans la peinture et la gravure, entre le XVIIe siècle et le XIXe. Ainsi dans la petite église de Bugarach on voit un vitrail bien étrange, qui représente un navire vide au dessus duquel il y a une roue, sur laquelle sont attachées deux victimes.

Le peintre de ce tableau nous dit : “ cherche il y a quelque chose à trouver que j'ai caché pour toi dans ce tableau ”. Cherchons donc. Pourquoi la présence au pied de la croix d'un livre ouvert sur lequel est posée une épée. Celle-ci est sortie de son fourreau, elle semble abandonnée... Morte.

C'est bien là qu'il nous donne le code. C'est celui de la " Mortépée ". Il s'agit d'une application du " carré " de Vigenère, un système mis au point par Blaise de Vigenère au XVIIe siècle. Ce système permet de coder un texte à l'aide d'un mot ou d'une phrase clef. Le mot " mortépée " est une de ces clefs assez fréquemment employées par exemple dans le grand manuscrit montré par Gérard de Sède et suggéré dans les deux tableaux de Signol placés dans l'église Saint Sulpice, haut lieu de l'art du chiffre : " La mort de Jésus. " et " L'épée au fourreau ".
Nous ne nous étendrons pas plus sur cette technique qui est bien connue et dont l'apprentissage n'est pas vraiment notre sujet.
Si nous examinons en détail le livre ouvert nous voyons que le peintre a utilisé des petits bâtons pour représenter le texte du livre. A l'exception de quelques lettres plus grandes et de lettres rouges. Ces dernières sont presque illisibles sauf le mot “ loi “, parfaitement visible plusieurs fois. En revanche les lettres noires permettent verticalement de constituer les trois mots suivants: “ In desc dida “ Que veulent dire ces lettres ? Avant d'étudier leur sens, voyons d'abord le second tableau en face du précédent dans l'abbatiale, "La présentation de Jésus au temple". Sa composition est déséquilibrée, car à droite une femme tient un livre ouvert sur ses genoux. Là aussi le peintre a utilisé des petites barres pour imiter l'écriture. Et là aussi il a placé quatre lettres bien visibles : “ D. I. D. A. ” Une cinquième lettre est cachée à peine visible, derrière une page entrouverte : un N. dont nous reparlerons plus
loin.

DIDA sont les mêmes lettres que sur le tableau que nous avons déjà étudié. Quel est donc le sens de ces lettres ?
Comme nous l'avons vu, au début de l'ère chrétienne, Saint Irénée a participé à la constitution du canon de l'église. C'est-à-dire que les pères de l'église ont écarté certains livres qui ne leur paraissaient pas conformes à la ligne de l'église. Ainsi en est-il des évangiles apocryphes, comme l'évangile de “ Thomas ” ou celui de “Pierre”. Parmi ces recueils, un livre écrit entre la fin du premier siècle et le tout début du second : la Didache. Ce livre semble être passé tout près de la “ canonisation ”, mais ainsi que l'épître du pseudo-Barnabé, il fut rejeté. La Didache est un recueil de conseils des premiers apôtres à ceux qui seront apôtres après eux. Jusqu'à une période relativement récente, on ne connaissait la Didache que par des citations ou des allusions dans d'autres textes. Le texte grec fut retrouvé à Constantinople, dans un manuscrit qui a été publié en 1883 par Philothée Bryennios.
Dida est vraisemblablement l'abréviation de Didache. Dans la tradition des inscriptions latines, les mots sont souvent abrégés. Que signifie donc le reste de la locution : in desc dida. “In” veut dire : “ dans ” en latin et “ desc ” est l'abréviation du mot ” descriptio ” qui signifie : reproduction, copie. “Dans la copie de la Didache ”, voilà le message que nous transmet le livre. Mais ce n'est pas tout, le peintre a numéroté les pages du livre 100 et 101.



Ainsi ce peintre nous indique qu'il a caché dans son tableau un secret qu'il nous faudra découvrir, et en cherchant nous avons compris qu'il nous recommandait de faire un décodage “ mortépée ” sur une reproduction de la Didache page 100 et 101. La question qui se pose maintenant est pourquoi ces tableaux sont-ils ici et pour qui ?
La présentation au temple est signée d'un dénommé Saisac et datée de 1650. A cette époque, Gabriel Siran de Cabanac était abbé commendataire. C'est à dire qu'il se bornait à faire quelques visites à son abbaye, sans se préoccuper de ce qu'il s'y passait. L'église semblait reprocher aux moines une certaine licence. Mais peut être que les reproches étaient d'un autre ordre. Un moine a peut-être découvert un secret, ou bien lui en a-t-on fait part, toujours est il qu'il commande un tableau à Saisac pour décorer l'abbatiale mais aussi pour attirer l'attention sur la Didache. Mais il semble que cette oeuvre ne suffise pas à transmettre le message.
Aussi, en fait-il faire une autre au peintre Auriac, neuf ans plus tard, dans laquelle il ne se contente pas d'attirer l'attention sur la Didache, mais où il donne la clef de la lecture du passage important. Il y a fort à parier que les moines de St Polycarpe possédaient dans leur bibliothèque une traduction de la Didache et que c'est à celle- ci que le tableau fait allusion. Celui-ci a donc été fait pour transmettre un secret de moine à moine. Ceux ci passaient plusieurs heures par jour dans l'église, et de longues méditations devant ces oeuvres auraient pu en alerter certains. Comme dans toute initiation en agissant ainsi on savait que le moine qui mériterait de “ connaître ” ce secret serait un personnage à l'esprit assez vif et cultivé, qui se poserait des questions à l'égard de ce tableau, et assez persévérant pour aller jusqu'au bout de sa démarche. C'est-à-dire qu'il suive tout seul le chemin de l' " initiation ". C'est à ce prix seulement qu'il aurait droit à connaître le secret. On pensait certainement qu'ayant fait cette démarche il posséderait toutes les qualités pour le préserver à son tour. Page 100 et 101 de la version de la Didache conservée dans le monastère, on avait dû glisser quelques lettres en trop, peut être sur un billet mais plus sûrement dans le texte lui-même.
Rien ne permet de dire devant ces deux tableaux sur quoi portait ce secret. Nous voyons encore dans ce paysage une église possédant un coq à son sommet. Le peintre insiste vraiment sur cette particularité car en proportion avec l'église, le coq est dessiné bien trop grand. Le clocher donjon à gauche pourrait être lui aussi une indication. Enfin les deux cavaliers qui s'éloignent sont sans doute dans le tableau pour nous indiquer que pour résoudre le codage en " Mortépée ", il faudra faire deux “ cavaliers.”
Sur le tableau, on aperçoit très bien le doigt de Saint Irénée qui semble montrer une direction. Indique-t-il l'importance de la construction qui est derrière, ou bien suggère-t-il au spectateur de se tourner et de regarder le deuxième tableau qui contient lui aussi le nom de la Didache? Dans la "Présentation", il y a un N en partie caché. Cette lettre est la première du mot Naos en grec : le temple. Il existe une science de la mesure du temple dans la bible : la naométrie. Le secret contenu dans la Didache concerne-t-il un temple caché ?
On ne peut pas quitter cette étude, sans parler du troisième tableau de Saint Polycarpe. Ce tableau est peut-être lui aussi du peintre Anet Auriac. Il s'agit d'une scène représentant, Marie Madeleine en larmes découvrant que le tombeau de Jésus est vide. Sur le tombeau, une inscription en latin “ Tulerunt dominum meum”:“ Ils ont enlevé mon Seigneur”. Derrière Madeleine, dans le lointain, le peintre montre le Golgotha avec la silhouette de ses trois croix. Mais particularité étonnante, s'il n'y a plus aucun corps sur les croix, une échelle est encore appuyée sur celle du milieu donc celle de Jésus. Comme si

l'auteur avait voulu souligner que le corps avait bien été descendu, et peut être à temps...
En conclusion, au XVIIème siècle les moines de l'abbaye de St Polycarpe possédaient un secret qu'ils ont essayé de transmettre à leurs successeurs, mais sans le leur dire autrement que par le truchement de deux peintures. Ce moyen était, pensaient-ils, l'assurance de tomber sur un moine tenace et subtil qui deviendrait lui-même par ses qualités le garant du secret. Quant au secret est-il suggéré par le troisième tableau ? Il nous reste à le découvrir.

Daniel Dugès
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