Rennes le Chateau
l'énigme et les personnages qui ont cotoyés l'histoire

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Le  cold-case  de  Peyrolles

 

Le  cold-case  de  Peyrolles

En cette fin de soirée du samedi 14 octobre 1950, dans le petit village audois de Peyrolles, la température est suffisamment clémente pour que Charles Thérez décide d’aller à pied jusqu’au bourg voisin de Serres afin d’aller saluer quelques amis au café Doutre et, pourquoi pas, y disputer une partie de cartes ou deux.

Demain, dimanche, il pourra faire la grasse matinée et il sait que, comme à l’accoutumée,  son épouse le réveillera avec un bon bol de café bouillant qu’il dégustera dans son lit. C’est donc d’humeur guillerette que Charles Thérez quitte la ferme familiale après avoir embrassé sa femme et ses enfants. 

Dimanche matin, les cloches de l’église du village ont réveillé Madame Thérez de bonne heure et, après avoir préparé le café, elle se dirige vers la chambre d’ami occupée par son mari pour lui apporter son petit-déjeuner. En effet, depuis quelques mois, les époux font chambre à part car la vieille mère de Madame Thérez, impotente et aveugle, a été accueillie au foyer et sa fille doit fréquemment s’occuper d’elle en cours de nuit. Son mari devant se lever tôt le matin pour s’occuper des vignes et des travaux de la ferme, ils ont donc décidé, par confort, de dormir séparément.

Lorsqu’elle pénètre dans la chambre de son époux, Madame Thérez est surprise de constater que le lit est inoccupé.     Il n’a même pas été défait... son mari n’a pas dormi à la maison.

Inquiète, car cela ne lui est jamais arrivé, elle demande à Michel Rousset, un voisin, s’il peut se rendre en vélo jusqu’au village de Serres afin de vérifier si son époux n’a pas passé la nuit sur place. Monsieur Rousset accepte volontiers, enfourche sa bicyclette et prend la route alors que le jour se lève sur la Haute-Vallée de l’Aude.

À environ 300 mètres de l’entrée du village de Serres, Michel Rousset freine brutalement. Sur le bas-côté de la route, il vient d’apercevoir une forme allongée dans l’herbe. S’en étant approché prudemment, il laisse tomber son vélo à terre, en état de sidération... il vient de reconnaître le corps sans vie de son voisin, Charles Thérez, baignant dans une mare de sang.

charles theresUn étranger à Peyrolles

Charles Thérez n’était pas un enfant du pays. Arrivé à Peyrolles au milieu des années 1930, au terme d’un long parcours de « trimardeur » qui lui avait fait traverser une partie de la France, il avait fini par poser son pauvre bagage dans le petit village audois... il était enfin arrivé au bout de son chemin. Sympathique, courageux et ne rechignant pas à l’effort, il fut d’emblée bien accueilli par les villageois pour qui une paire de bras solides n’étaient pas superflus. Finalement adopté par la population, il épousa une fille du pays et eu des enfants avec elle. Installés dans une grande ferme en bordure du village, ils exploitaient ensemble les terres et les vignes familiales à l’instar de la quasi totalité des habitants de la région. Un couple sans histoire, comme tant d’autres à Peyrolles.

L’enquête

 

Les premières investigations judiciaires furent effectuées par les gendarmes de Couiza et de Limoux, sous le commandement du capitaine Lacaje. Il fut ainsi établi que Charles Thérez avait quitté son domicile le samedi aux alentours de 20h00 et qu’il n’avait en aucun cas prévu de rester dormir à Serres. La victime était unanimement décrite comme un homme affable et sympathique et personne, dans son entourage proche, ne lui connaissait d’ennemi.

Charles  Thérez

Rapidement, le procureur de la République Costesègue, du parquet de Carcassonne, fit ouvrir une information judiciaire et ce fut le juge d’instruction Sagols qui en reçut la charge. Le magistrat instructeur délivra commission rogatoire au commissaire de police Séménou de Limoux qui, secondé par les inspecteurs de la brigade mobile de Montpellier, reprit à son compte l’enquête initiée par les gendarmes.

Un point de détail important fut alors mis en évidence par les policiers. Le témoin, Michel Rousset, celui qui avait découvert le cadavre de son voisin sur le bas-côté, indiqua que, la veille au soir, c’est-à-dire le samedi vers 20h30, alors qu’il revenait de Serres et rentrait à Peyrolles sur sa bicyclette, il avait aperçu « une forme sombre » sur le bord de la route. La nuit tombant et étant en retard, il ne s’était pas arrêté, pensant qu’il s’agissait d’un ivrogne qui cuvait son vin.      C’est en se souvenant de cette horrible coïncidence qu’il avait alors compris que c’était le corps de Charles Thérez qu’il avait entraperçu la veille. Il confia ce troublant élément d’enquête au commissaire Séménou qui put alors déterminer que la mort du malheureux était survenue entre 20h00 et 20h30 le samedi soir.

 

les gendarmes enquete rennes le chateau

Le témoin Michel Rousset interrogé par le Capitaine Lacaje

Le docteur Soum, médecin légiste, put établir les circonstances de l’assassinat. Selon ses constatations, la victime avait été attaquée, par surprise, alors qu’elle arrivait pédestrement à l’entrée du village de Serres et avait reçu deux coups d’un instrument contondant à la tête, portés avec une extrême violence. Le premier l’avait atteint au niveau du front et le second à la nuque... la mort avait été quasi-instantanée.

Charles Thérez, bien qu’handicapé par une vieille blessure à la jambe, était un homme vigoureux et en capacité de résister à un agresseur... pour peu qu’il ait été confronté à lui. En l’occurrence, il fut véritablement pris dans un guet-apens qui ne lui laissa aucune chance de survie, la préméditation étant largement avérée.

L’enquête de voisinage et les minutieuses recherches et investigations menées sur le terrain par les fonctionnaires de police ne permirent pas d’apporter d’éléments de nature à faire avancer l’enquête. Au terme de plusieurs mois, faute de suspect ou d’indices probants, le juge Sagols dût se résoudre à transmettre une ordonnance de non-lieu au parquet de Carcassonne... et le procureur Costesègue classa l’affaire.

Les hypothèses

Que s’est-il passé en ce début de nuit d’octobre 1950 sur la route de Peyrolles à Serres ? Pourquoi Charles Thérez, brave homme et honnête père de famille, fut-il victime d’une embuscade mortelle ? À ce jour, personne n’est en mesure de l’expliquer.

Par la suite, comme souvent en de telles circonstances, les langues se délièrent et la région bruissa de théories et d’hypothèses aussi farfelues les unes que les autres. Deux, cependant, méritent d’être évoquées, car elles sont basées sur des faits possiblement crédibles à mettre en relation avec le passé, proche ou lointain, de la victime.

Lors de l’enquête de voisinage, les inspecteurs de la brigade mobile apprirent ainsi que Charles Thérez, la veille de sa mort, s’était rendu au marché de Limoux et avait déjeuné, à l’hôtel Valent, avec un individu ne semblant pas être de la région. 

Avait-il rendez-vous avec cet homme mystérieux ? Ce dernier était-il en lien avec celui qui tendit le mortel guet-apens à l’entrée de Serres ? Nul ne put le dire, car cet « étranger » ne fut jamais identifié et la piste rapidement abandonnée par les enquêteurs, faute d’éléments supplémentaires.

Dans le village de Peyrolles, bien plus tard, fut également évoquée une autre histoire ; une vieille affaire remontant à l’époque troublée de l’Occupation et de la Résistance. À la fin de la guerre, quelques maquisards espagnols, dont le camp de base était situé non loin de Rennes-le-Château, auraient eu l’opportunité de récupérer, à leur unique profit, un conteneur avec de l’argent qui venait d’être parachuté par l’aviation alliée. Charles Thérez aurait eu vent de ce détournement et l’un des espagnols aurait voulu le faire taire.

Quel crédit donner à cette information ? Bien peu, il convient de le reconnaître. Elle entre tout de même en résonnance avec cette macabre découverte de trois squelettes, en 1956, dans les jardins de l’hôtel de la Tour à Rennes-le-Château. Les restes de trois hommes, âgés de 25 à 35 ans, dont la mort remontait à une quinzaine d’années tout au plus d’après ce qui ressortira de l’enquête des gendarmes de Couiza.  Il a été dit, qu’à l’époque, des maquisards espagnols s’étaient réfugiés dans le domaine partiellement désaffecté de l’abbé Saunière et qu’une affaire de « trésor de guerre » aurait été la cause de leurs décès.

Tout cela reste bien nébuleux, mais il est tout de même étrange de constater que le petit village de Peyrolles fut suffisamment attractif, en cette première moitié du XX° siècle, pour que deux « étrangers » décident de s’y installer définitivement. En effet, c’est également dans ce hameau, qui ne comptait qu’une cinquantaine d’habitants dans les années 1930-1940, qu’un citoyen américain du nom de Louis Lawrence acheta le moulin des Pontils, en 1917, et y vécu jusqu’en 1954.

Un drôle de personnage qui, accessoirement, fit ériger sur une éminence rocheuse de l’un de ses terrains un bien étrange tombeau.

tombeau des pontils aude rennes le chateau

Julien  Lafourcade     

Antoine Coll

Désormais, on sait que Antoine Coll était, non seulement, le banquier de l'abbé Saunière, le propriétaire des thermes de Rennes-les-Bains en association avec Armand Bories (notaire, membre fondateur du Cercle Catholique de Narbonne et membre de la Société Archéologique de la même ville) et Louis Satgé (propriétaire et membre de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne) mais aussi qu'il fut le soutien politique de Marcien Fondi de Niort.

Comme on a pu le voir, il existe plusieurs connexions entre certains protagonistes de l'histoire.

Parfois anecdotiques, elles révèlent, pourtant, des aspects de vie de l'époque et une meilleure connaissance de ces individus.

Il est question ici du vin. Lors de l'exposition universelle de 1900, de multiples récompenses ont été décernées à des viticulteurs de l'Aude :   

personnages rennes le chateau rennes les bains

Parmi les médaillés, on retrouve Pierre Castel (Président du Comité royaliste de l'Aude, membre du Cercle du Salon), Marcien Fondi de Niort mais aussi, pour les vins rouges et blancs de Limoux, Antoine Coll qui possède un vignoble sur Gramazie :

rennes le chateau

Pour rappel, Antoine Coll possédait le château de Gramazie, acheté par sa mère qui a doté chacun de ses 3 fils d'un château, celui de Gramazie appartenait antérieurement au marquis Paul d'Auberjon. Antoine Coll revisita la façade de cette demeure dans un type Haussmannien en y accolant sur la fronton de la bâtisse son  monogramme :

fronton eglise

Posséder un vignoble semble être un message fort d'ancrage et de soutien au territoire chez les notables audois après la crise du phylloxera qui a sévi à la fin du XIXe siècle. 

Après avoir fait plusieurs posts sur Antoine Coll, banquier de Saunière qui lui rendit visite en juillet 1901, un chercheur avisé (qui se reconnaîtra  :wink:  et que je salue  :hello:  ) m'a signalé que, dans un annuaire « Le tout Toulouse 1909 » ayant appartenu à l'abbé de RlC, ce dernier avait coché différents noms de personnalités y figurant :

rennes les bains

Extrait du "Tout Toulouse de 1909"

Et en y apposant parfois quelques annotations dans la marge comme celle relative au vin :

rennes les bains

Extrait du "Tout Toulouse de 1909"

Avec cette mention, on trouve aussi Charles Clergue, ancien magistrat, beau-père de Joseph Coll (frère d'Antoine) qui vit aux mêmes adresses que son gendre : rue mazagran à Carcassonne et au domaine de Homs (entre Fanjeaux et Villesiscle) :

alzonne aude

Comment se fait-il que Saunière connaisse M. Clergue, de la famille par alliance d'Antoine Coll?

Bon nombre de chercheurs pensent que le curé de RlC avait mis un système d'achat et de revente d'alcool et de spiritueux lui permettant de faire un petit bénéfice financier (lire sur le sujet l'excellent article de C. Attard : http://www.reinedumidi.com/rlc/Vignes.htm  On est en droit de supposer que les relations qu'il a pu entretenir avec l'ancien juge de Carcassonne puissent être de cette nature.

En regardant de près cette question viticole, on se rend compte que Saunière avait une personnalité atypique à plus d'un titre pour un curé de campagne, il a su se mouvoir et s'affairer, à sa petite échelle, dans les réseaux relationnels des notables de l'Aude de l'époque et cela jusque dans la famille de son propre banquier.  IN VINO VERITAS !!

Article de Léa Rosi

logo rosi

 


  ARMAND BORIES (1836-1919)
“UN COLLECTIONNEUR HEUREUX” à RENNES-LES-BAINS    

A plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion de voir mentionner, dans le cadre de mes recherches sur le territoire des 2 Rennes, le nom d’Armand Bories, cet ancien notaire de Narbonne. J'ai été particulièrement interpelée par le cahier n°2* de Henri Rouzaud où il fait état de la présence d'Armand Bories lors de sa visite à Rennes-les-Bains et du rôle que celui-ci a joué pour lui faire rencontrer l'abbé Boudet.

Extrait du cahier n°2 de H. Rouzaud, transcription de la visite à retrouver dans “Escapade de Henri Rouzaud, député de l'Aude aux deux Rennes” *  

Cette redondance méritait donc d’investiguer sur ce personnage qui s'intéressa à plus d'un titre à Rennes-les-Bains, possédait le manuscrit Delmas et côtoya en son temps l’abbé Henri Boudet.  

Qui était Roch Barthélémy Armand Bories ?  

Né à Narbonne le 15 juillet 1836, il est le fils aîné de Théodore Bories (1799-1877), notaire de son état de 1834 à 1867, et de Marie-Eugénie Péridier (1811-1848) qui auront 5 autres enfants : Henry- Eugène (1837), Léopold- Louis-Ernest (1839-1906), Barthélémy Anatole (1843-1894) et Valérie.

Il fait ses études de droit à Toulouse où il se verra décerner par la Faculté en 1857, durant sa 3ème année, le 1er prix en droit romain ainsi qu'une mention en droit français.

Extrait “Le messager du midi” du 22 août 1857  

En 1867, il prend la suite de son père comme notaire à Narbonne. La même année, en juin, il épouse Joséphine Mathilde Mignard à Marcorignan (Aude), fille de Joseph-Timothée Mignard propriétaire d'un conséquent domaine viticole ainsi que du château de La Motte. De cette union naîtront 3 enfants : Aurélie-Claire-Mathilde (1868-1959), Jean-Joseph-Henri-Georges (1871-1964) et Alban-Eugène-Henri (1875-1953).

La famille Bories semble jouir d'une vraie notoriété dans la société narbonnaise et, régulièrement, son nom apparait dans le journal mondain de “La vie montpelliéraine”. Il se porte candidat, en avril 1871, aux élections municipales :

Ses centres d'intérêt culturels, orientations politiques et religieuses  

Le 8 juillet 1885, il intègre la Commission Archéologique de Narbonne où il rejoint son collègue, le notaire, Léonce Favatier (1828-1904), membre depuis 1871 et dont il sera président à partir de 1898 jusqu'à sa mort en 1904 où il sera remplacé par M. Rival.
Mais les 2 hommes se connaissaient bien avant cela et pour cause...
Si l'on connait Léonce Favatier, c'est aussi pour son appartenance au Cercle Catholique de Narbonne, véritable organe de propagande politico-religieuse dont Alfred Saunière, aûmonier des oeuvres ouvrières, était l'un de ses orateurs.
Bien loin de moi l'idée de revenir sur ce qu'il a été déjà écrit sur ce cercle, je me permets néanmoins de renvoyer au “Rapport de Léonce Favatier sur l'histoire du Cercle Catholique de Narbonne (1875-1900)” prononcé lors du jubilée :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k131230t.image  

Dans son livre “Le Cercle de Narbonne et le mystère de Rennes-le-Château”, Christian Doumergue nous livrait un document inédit à savoir la liste des signataires pour la demande de création du Cercle de Narbonne faite auprès du Préfet. Parmi les signataires, on retrouve bien entendu Léonce Favatier, M. Chefdebien, le comte E. de Beauxhostes et pour l'oeil aguerri : Armand Bories.

Cette signature est identique à celle apposée par Armand Bories sur l'acte de naissance de sa fille Aurélie en 1868 :

 


Armand Bories était bel et bien l'un des 23 membres fondateurs du Cercle de Narbonne dont Léonce Favatier parle, dans son rapport en 1900, en ces termes :

 

 

 

Parmi les 5 membres fondateurs toujours vivants en 1900, on comptait donc Armand Bories.

 

En réalité, les liens entre les Favatier et Bories vont prendre une nouvelle consistance par la suite. Alors que Léonce Favatier est décédé le 16 avril 1904, son petit fils Henri (fils de Raymond F. et Anne Nombel) se marie, le 24 octobre 1910, au château de Fontarèche à Canet d'Aude, avec la nièce de Armand Bories, Thérése (fille d'Anatole B.), dont il sera l'un des témoins de mariage. Cet événement est relaté dans un article du “Courrier de l'Aude” du 30 octobre :

 

 

archives anatole

Dans cet article instructif, on y apprend que le frère de la mariée, Edmond B. (1873-1969), et non Edouard comme cela est mentionné dans l'article, était le Vice-Président du groupe de l'Action Française de Narbonne. Notons que son oncle sera témoin à son mariage avec Margueritte Parazols, le 15 octobre 1912.
Comme on peut le constater, A. Bories était sincèrement attaché à sa famille, neveu et nièce compris ainsi qu'au mariage et aux valeurs chrétiennes. Fervent catholique, il participe comme parrain à la bénédiction de 2 cloches de l'église Saint-Just de Narbonne, le 19 mai 1886, mais pas à côté de n'importe quel prélat... 
Extrait du journal “Le vigneron narbonnais” du 20 mai 1886 :

https://ressourcespatrimoines.laregion.fr/ark:/46855/FRAD011_530PER/1886/05/20/v0002.
simple.highlight=armand%20bories.selectedTab=search.hidesidebar

Au travers de toutes ces informations, nous pouvons désormais entrevoir un véritable panoramique de l'univers de notre ancien notaire de Narbonne. 

Armand Bories et Rennes-les-Bains

Longtemps, je me suis questionnée sur les raisons qui ont poussé un notaire de Narbonne à s'associer dans l'achat des thermes de Rennes-les-Bains avec des carcassonnais comme M. Coll, banquier, légitimiste, propriétaire du château de Gramazie, membre du "Cercle du Salon" et soutien politique de Fondi de Niort

(http://renneslechateau-fr.com/rennes-chateau-rdv/enigme-sauniere-son-eglise-t719-1770.html) et M. Satgé, propriétaire. 

L'appartenance de Bories au Cercle Catholique de Narbonne répond clairement au rapprochement de ses 3 hommes.

La vente à la criée au Tribunal de Limoux des thermes et des biens de la famille de Fleury sur Rennes-les-Bains (thermes, sources, maison d'habitation, café et ses dépendances, remises, écuries , métairie de Fabiés, bois et terres) eut lieu le 17 juin 1889 :

 


C'est sans nul doute à l'occasion de l'achat des biens de la famille de Fleury qu'Armand Bories fit la connaissance de l'abbé Henri Boudet. Considéré comme un "chercheur infatiguable, érudit et collectionneur heureux" par ses collègues de la commission archéologique, notre notaire de Narbonne a dû trouver de nombreux sujets de discussion avec notre curé de RlB, surtout lorsqu'on sait leur intérêt commun pour le languedocien. A. Bories sera d'ailleurs reconnu pour ce point précis lorsqu'il sera nommé en janvier 1898 membre du Félibrige latin :


Extrait de "La vie montpelliéraine" du 13 février 1898

 

Il y a tout lieu de croire qu'Armand Bories continua à entretenir, par la suite, un contact avec l'abbé Boudet mais nous y reviendrons un peu plus tard...

En attendant, continuons à suivre, si vous le voulez bien, notre notaire honoraire de Narbonne.

Un mois après la vente des thermes de RlB, le 27 juillet 1889, Armand Bories démissionne, cède son étude notariale et sa clientèle à son cousin Léandre Auguste Bories qui était jusque-là notaire à Durban

https://ressourcespatrimoines.laregion.fr/ark:/46855/FRAD011_
530PER/1889/08/10/v0002.simple.highlight=armand%20bories.selectedTab=search.hidesidebar

Parmi cette clientèle, on notera la vicomtesse de Chefdebien-Zagarriga :


 Annonce parue dans le journal “L'éclair” du 29 janvier 1894

 

Une retraite entre terre et mer

 

Deux ans plus tard, le beau-père d'Armand Bories, Joseph Mignard, décède en 1891. Le domaine viticole de grand rapport et son château de La Motte à Marcorignan est attribué, après une année en indivisis, à sa fille Albanie mariée à  un avocat de Montpellier, Henri Victor Ferrouil de Montgaillard (descendant de Saint Louis). Au couple Bories revient le château de Las Courtines et ses dépendances situés sur la commune de Gaja-la-Selve, entre Fanjeaux et Belpech.

 

 

La propriété est importante, elle avait appartenu, avant cela, aux comtes de Gaja et comprenait à l'origine 5 métairies, le village et une autre propriété nommée Saint-Gélis, l'ensemble valant plusieurs millions. Après en avoir hérité, Bories  participe et remporte des divers prix à des concours de poulinières et pouliches.


Extraits de “L'express du midi” du 16 octobre 1893

 

Le 15 mai 1892, il devient le maire de Gaja-la Selve et cela jusqu'à la fin de l'année 1895.


Compte-rendu municipal de gaja-la-Selve lors de l'élection du maire


Extrait de “L'express du midi' du 28 avril 1895

 

La famille Bories (Armand, sa femme ainsi que son fils Alban-Eugène, son épouse et ses enfants) semble résider par intermittence à Las Courtines jusqu'en 1914, année de la disparition de Armand B., Eugène héritera de la propriété qui la transmettra par la suite à sa fille Marthe.

La propriété de Las courtines existe encore de nos jours, c'est une exploitation agricole. Pour s'en donner une idée, voici une photo aérienne de son ensemble :

 


 

Du manuscrit Delmas à l'abbé Boudet

 

Durant des années et même sous son mandat de maire, Armand Bories partage sa résidence entre son village du Lauragais (à 16 kms de Castelnaudary) et sa maison, rue de l'ancien courrier à Narbonne où il semble poursuivre sa vie de citadin avec son lot de mondanités et ses multiples activités. Grand collectionneur, il n'hésite pas à communiquer ses recherches ou à partager ses trouvailles :

https://ressourcespatrimoines.laregion.fr/ark:/46855/FRB341726101_
99005/1896/07/12/v0002.simple.highlight=armand%20bories.selectedTab=search.hidesidebar

                 

C'est aussi le cas avec certains de ses collègues de la commission archéologique où il continue de sièger dès que possible. En voici un exemple caractéristique :

image 2

Mais, ce qui est le plus marquant dans l'attitude d'Armand Bories, c'est sa volonté de relayer durant l'année 1910 son intérêt pour Rennes-les-Bains auprès d'autres membres de la commission archéologique. Lors de la séance du 7 mars 1910, Gabriel Amardel intervient pour évoquer le manuscrit de l'abbé Delmas, il explique qu'il a reçu ce manuscrit des mains d'Armand Bories :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4864994/f49.image.r=bains-de-rennes

On peut s'interroger sur la manière dont l'ancien notaire a obtenu lui-même ce manuscrit. Ne peut-on supposer que ce soit l'abbé Boudet qui lui ait communiqué tout naturellement durant l'une de ses venues et entrevues sur Rennes-les-Bains ou dans le cadre d'une correspondance entretenue pendant presque 20 ans.

 

Quelques mois à peine après l'intervention de Gabriel Amardel sur le manuscrit Delmas, Henri Rouzaud (membre de la commission depuis novembre 1901) se rend, le 1er septembre, à Couiza où il passe la nuit puis, le lendemain matin, il se rend à RlB où l'y attend déjà Armand Bories. Celui-ci l'a convaincu de venir rencontrer Henri Boudet. Si on se réfère aux premières lignes du cahier de Rouzaud, après avoir visité le bain fort où se trouve les restes de statues en marbre, Bories le conduit auprès de Boudet et fait les présentations entre les deux hommes. Bien plus qu'un guide, l'abbé Boudet leur parle des vestiges et des découvertes faites dans la station thermale depuis plusieurs siècles. Un peu plus loin dans son cahier n°2 *, Rouzaud indique :

 

images personnages rennes le chateau


“M. Bories m'a dit qu'il avait conservé jusqu'à ces derniers temps une collection de monnaies romaines trouvées à Rennes-les-Bains à l'époque de l'abbé Delmas (1709), comme en témoigne une liste manuscrite que possède M. Bories mais ces monnaies ont été presque toutes prises par le Docteur Vaysse de Quillan, qui fut longtemps médecin inspecteur des eaux.”

 

Ainsi l'année 1910 est une année charnière, Bories et Boudet, hommes du même âge, veulent, sachant la mort proche, transmettent leurs connaissances sur les trésors de Rennes-les-Bains.

 

Henri Boudet décédera à Axat le 30 mars 1915 à l'âge de 77 ans. Armand Bories le suivra quelques années plus tard.

Dans son 5ème cahier, Henri Rouzaud écrit :

“Dimanche 13 avril 1919 – Ce matin, à 2h, s'est éteint doucement mon ami et confrère Armand Bories, ancien notaire de Narbonne et membre de notre Commission archéologique, une pneumonie contractée lundi dernier en stationnant dans la cour intérieure de sa maison, au moment où l'on taillait ses vignes vierges, l'a terrassé en 4 ou 5 jours à l'âge de 83 ans.

Bories, qui avait collectionner toute sa vie des papiers et documents concernant le passé de narbonne, m'était très attaché et venait me voir très souvent, il se plaisait surtout à feuilleter mes cahiers de notes et me signalait toutes les trouvailles analogues qu'il avait fait jadis. Sans avoir rien publié lui-même, il aimait à aider et documenter les chercheurs... (sic)

J'ignore si M. Bories avait fait quelques dispositions testamentaires concernant ses papiers d'histoire ou ses antiquités ; s'il m'avait chargé seulement choisir ce qui pourrait enrichir notre musée et je serai heureux de le seconder en contribuant à honorer sa mémoire. S'il n'a rien fait à ce sujet, je m'efforcerai à seconder les voeux de ses enfantss'ils font appel à mon amitié pour lui. Quoiqu'il en soit, je devais bien ces quelques lignes d'attention à celui qui fut mon ami et mon collaborateur pendant une quinzaine d'années.”

Dans la matinée du lundi 21 avril 1919, Henri Rouzaud assistera aux obséques de son ami.

 

Si on ignore les dispositions testamentaires prises par le notaire de Narbonne pour ses documents et antiquités, Henri Boudet, quant à lui, nous a légué ses écrits dont le message traverse encore les décennies.

 

                                                                                                                                          1er avril 2019

Léa Rosi

logo rosi

* Escapade de Henri Rouzaud, ancien député de l'Aude aux deux Rennes
http://www.renne-le-chateau.com/personag/personag.html


image rennes les chateau

Léopold Decarayon Latour
2 97 1850

Un des piliers du petit lavoir de Rennes les Bains est gravé d’une inscription qui nous a toujours intrigué. Nous n’avions jamais eut de renseignements sur qui était ce personnage Leopol Decarayon La Tour et voilà que le 10 février 2008 un document d’un historien Bordelais parle de cette famille.

Vol du buste Carayon La Tour au cimetière de la Chartreuse à Bordeaux
Lu ce matin dans Sud Ouest sous la plume de Florence Moreau :
"Dimanche 10 février, alors qu'il venait prendre des photos pour un ouvrage à venir, un jeune retraité a constaté que le tombeau-chapelle de la famille de Carayon La Tour, situé au cimetière de la Chartreuse à Bordeaux avait été délesté d'un buste en bronze de son plus célèbre représentant, Joseph
(...) Sénateur retiré à Virelade. Rue, caserne, caveau :
Joseph de Caraillon la Tour n'est pas un nom inconnu dans le quartier. Selon le guide illustré « La chartreuse de Bordeaux », qui recense les principaux mausolées du cimetière, Joseph de Carayon la Tour est né à Bordeaux, le 10 août 1824.

Quand les voleurs nous font découvrir l’histoire

Un des piliers du petit lavoir de Rennes les Bains est gravé d’une inscription qui nous a toujours intrigué.

« Élève de polytechnique, il commanda le troisième bataillon des mobiles de la Gironde pendant la guerre franco-allemande.
Chevalier de la Légion d'honneur après l'héroïque bataille e Nuits, il refusa le grade de lieutenant-colonel pour rester à la tête de son bataillon ».
Passionné de chiens _il fut à l'origine de la race du gascon saintongeais _ il s'est retiré au château de Virelade où il est décédé en 1886. L'église du village porte la trace de son passage. Il avait été nommé sénateur inamovible en 1878.

"Fayre pla, layssa dire", Faire bien, laisser dire, telle était la devise de la famille de CARAYON LATOUR
Héros de la guerre franco allemande de 1870, Joseph de Carayon Latour commanda le 3ème bataillon des mobiles de la Gironde, détaché dans l’Est.
Le château a consacré une salle d’honneur à cet illustre bataillon.
Elu représentant de la Gironde sur une liste conservatrice, il fut reconnu comme un des chefs du parti légitimiste sur le plan national et la personnalité la plus marquante du légitimisme girondin avec le marquis Amédée de Lur Saluces.
En 1878, il est nommé sénateur.
Sa vie sociale fut importante aussi bien à Paris qu’à Bordeaux.
Elève de l’Ecole Polytechnique, il géra tout d’abord les nombreux intérêts de sa famille , dont le domaine de Virelade à 5 km de Grenade, acquis en 1851.


Pionnier de l’agronomie, il fut lauréat de la prime d’honneur pour ce domaine en 1867. Membre du Comité des Courses du Jockey Club, du Comité de la Société Hippique de France et du Conseil Supérieur des Haras, il était reconnu comme un veneur distingué.
Il a créé la race dite du « chien de Virelade », un des chiens de meute les plus appréciés.
La meute de Grenade obtient le prix d’honneur au concours international de Paris en 1863 ; le célèbre peintre Jardin l’a reproduite sur un tableau.
Un mécène très investi dans les questions religieuses et philanthropiques, J. De Carayon Latour cumulait les présidences et les responsabilités : le conseil d’administration du quotidien royaliste « La Guienne », la société civile de Saint Joseph de Tivoli, la grande école catholique de Bordeaux, le Comité des Ecoles libres de la Gironde.
Le buste du baron, œuvre du sculpteur Chapus et résultat d’une souscription publique, fut installé après sa mort dans la mairie de Bordeaux.

Léopold Decarayon Latour 1824/1890 était donc le frère du sénateur girondin Joseph CARAYON-LATOUR –
Marie-Octave Léopold de CARAYON-LATOUR était membre de la loge Saint Lucien du grand orient de France –

Une question nous vient à l’esprit : qui a gravé cette inscription et à quelle occasion ?

 

 

 


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