Le webmaster

Nous n'excluons pas la
possibilité de l'appartenance de
Bérenger Saunière à un groupe
tel que les
Pénitents Blancs
qui siégeaient à Limoux comme
nous vous le présentons dans
notre documentation ci-dessous.

 Le diable de Rennes le Chateau

freemasonsy - franc maçonnerie - rennes le chateau - godf

L'auteur de cette mise au point
démontre l'impossibilité de
l'appartenance de
Bérenger
Saunière à la Franc-maçonnerie.

17 Janvier Annonces Avant Saunière Avens Chateaux Chercheurs Croix
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L'hostellerie de Rennes les bains, hôtel restaurant 

Pays de Couiza est le site des 24 communes du territoire, dans l'Aude, ou se situe Rennes le Chateau, Rennes les Bains, et les autres...
Le Centre de Tourisme Equestre de Blanchefort à Cassaignes 



symboliques Les societes secretes

la franc-maçonnerie et l'énigme de Rennes

Les Pénitents blancs

Franc-maçonnerie dans l'Aude

 

 


Pour en finir avec le sautoir maçonnique de Saunière.

Bérenger Saunière… faux Frère !

 

Le  28 avril 2007… voilà tout juste 10 ans, une information incroyable, délivrée lors de l’assemblée générale de l’association « Terre de Rhedae », venait ébranler les convictions des chercheurs et spécialistes de l’affaire des Deux Rennes.

Et quelle information…elle apprenait, à l’auditoire médusé et, par la suite, à l’ensemble de la communauté des chercheurs, que…l’Abbé Bérenger Saunière aurait-été Franc-Maçon.

C’est, du moins, ce que l’on en déduisait suite au coup de théâtre qui venait de se produire… la présentation, en exclusivité, d’un superbe sautoir maçonnique venant d’être retrouvé, précisait-on, « dans une malle appartenant à Bérenger Saunière ».

Le choc fut rude et difficile à encaisser pour la majorité des chercheurs… ce genre d’allégation avait, certes, été évoquée par Gérard de Sède et Daniel Dugès par le passé mais il faut bien reconnaître que la théorie était peu crédible et ne relevait que du « coup journalistique » voire de la belle histoire. De fait, peu d’aficionados de l’affaire avaient suivi cette piste.

Pourtant, ce 28 avril… l’objet présenté était réel, tangible et bien constitutif d’un « décor maçonnique ». Ce type d’ornement, trouvé dans les affaires personnelles de Berenger Saunière, avait de quoi désarçonner les chercheurs les plus chevronnés. Une vieille question revint alors dans les esprits… et si Gérard de Sède avait-eu raison ?

Une fois cette « révélation » assimilée… de nouvelles hypothèses furent envisagées et des théories revues à la hâte, ce qui prouve bien, soit-dit en passant, que la faculté d’adaptation des passionnés de cette énigme est sans limite et leur réactivité à toute épreuve.

Puis, le temps fit son œuvre, et, après plusieurs études et articles forts bien documentés, l’affaire retomba tel un gros soufflé indigeste. Il faut dire que l’information, pour extraordinaire qu’elle ait pu paraître au début, n’était guère crédible sur le long terme et que les passionnés de l’énigme des Deux Rennes avaient bien d’autres hypothèses, un peu moins hasardeuses, à échafauder.

Je voudrais apporter, aujourd’hui, une petite contribution à cette drôle d’histoire en partageant les informations que j’ai pu glaner quant à l’origine et au déroulé de ce qui s’avéra être une mystification bellement menée.            
L’ensemble des renseignements que je vais développer dans cette étude provient d’une source autorisée et fiable puisque je le tiens de la personne qui organisa la supercherie… une dame nommée Josette Barthe, qui est la petite-nièce de Bérenger Saunière et qui a passé une partie de sa jeunesse à Rennes-le-Château.

Pour commencer, remontons dans le temps, à hauteur de deux siècles, et rejoignons la haute vallée de l’Aude.                                  
Un certain Pierre, aux alentours de 1820, avait construit, brique après brique, sa maison en plein centre de la ville de Couiza. Ce brave homme voulait une belle bâtisse où il aurait plaisir à habiter et à élever ses enfants car il avait eu une existence fort mouvementée et n’aspirait plus qu’à vivre tranquillement, dans le pays de ses ancêtres, après avoir longtemps parcouru l’Europe, dans tous les sens… au service de l’Empereur Napoléon 1er.

Dix années de service, à participer en première ligne à toutes les guerres qui ont marqué et ensanglanté cette période de notre histoire, avaient usé et fatigué notre homme. Un jour, n’y tenant plus, il décida donc de déserter et, muni de faux documents de route qu’il s’était confectionné, il revint chez les siens, dans ce nouveau département joliment nommé « Aude », afin de fuir les horreurs qui avaient constitué son quotidien depuis tant d’années.

Cela ne pouvait durer ; les Gendarmes de sa Majesté Napoléon 1er avaient un réseau d’indicateurs particulièrement efficace… Pierre fut finalement reconnu comme déserteur… puis arrêté.

Il fut condamné à « courir la bouline »… un joyeux châtiment de la Marine Impériale qui consistait à faire passer le prévenu entre une double rangée d’hommes armés de bâtons, lesquels frappaient le malheureux à bras raccourcis lorsqu’il passait à leur hauteur dans cette impitoyable « haie d’honneur ».

Le déserteur reçut ce jour là, outre une triple volée de coups de gourdins qui le laissèrent à moitié assommé, le surnom de « Très boulines » puisqu’il avait eu droit à une « triple ration » de cette punition. Ce sobriquet, devenu avec le temps « Tribouline », le suivit tout le reste de son existence, qui se termina, heureusement pour lui, plus agréablement qu’elle n’avait commencée.Il mourut, entouré des siens, dans sa grande maison de Couiza située sur ce qui est, aujourd’hui, la place Sainte Anne.

Son petit-fils, Abel Barthe, hérita de la demeure… et c’est bien cet homme là qui nous intéresse au premier chef dans le cadre de cette histoire car, c’est de son curieux ornement vestimentaire dont il va s’agir maintenant.

Abel Barthe était né en 1875. Propriétaire-viticulteur à Couiza, il possédait un grand nombre de vignes sur les bords de la Sals ainsi qu’à Montazels. C’était un homme assez rigoureux qui connaissait et appréciait, semble t-il, le curé de Rennes-le-Château, bien qu’il ne le côtoya pas aussi assidûment qu’un autre de ses parents, prénommé Achille, maquignon de son état.

Abel était Franc-Maçon, membre du Grand Orient de France et fréquentait vraisemblablement la Loge de Quillan dont le titre distinctif était  « La Sincère Amitié », car il n’y avait pas d’Atelier relevant de cette obédience dans un périmètre plus proche de son domicile.

J’emploie le mot « vraisemblablement » car je n’ai pu obtenir de renseignements précis quant au « cursus maçonnique » d’Abel auprès des archives du Grand Orient de France. Le « fonds maçonnique », volé par les nazis après la mise à sac des Loges entre 1940 et 1944, aura vraisemblablement été récupéré par les Soviétiques après la victoire des Alliés. Restitué en 2001 par la Russie, il est toujours en cours d’étude et de classement par les deux principales obédiences françaises qui avaient été spoliées en 1940, le Grand Orient de France et la Grande Loge de France.

Je conseille vivement aux amateurs de la thématique « Rennes-le-Château / Franc-Maçonnerie » de consulter l’excellente étude de Marc Rambiel intitulée « La Franc-Maçonnerie et l’énigme de Rennes. Fiction ou réalité ? » parue sur ce même site ainsi que dans le numéro IX des Cahiers de R.L.C (pages 35 à 43).

A la mort d’Abel Barthe, en 1942, son fils décida de brûler l’ensemble des documents et objets maçonniques lui ayant appartenu… l’époque n’était guère favorable à la conservation de ce genre de reliques et, vraisemblablement, les descendants du viticulteur audois ne partageaient pas ses options et engagements philosophiques.

En 2007, la grande maison de la place Sainte Anne fut mise en vente. Les héritiers ne venaient plus à Couiza depuis longtemps et l’entretien de la vaste demeure devenait très problématique pour les deux petites filles d’Abel, âgées respectivement à l’époque de 86 et 81 ans.

Avant que la vente n’ait lieu, Josette décida de faire une dernière visite de la demeure ancestrale où elle avait passé une partie de sa jeunesse. Dans le grenier, elle ouvrit le tiroir d’un bahut de style Louis XV et y découvrit, avec stupeur et ravissement,une drôle d’étole de couleur bleue… brodée de branches d’acacia et ornée d’un triangle d’or supportant la lettre G. Fine mouche et fort érudite,elle identifia immédiatement ce qu’il est convenu d’appeler « un décor maçonnique ».

Photo Christian ATTARD

De fait, il s’agit bien d’un « sautoir » de Vénérable Maître, c'est-à-dire de l’ornement vestimentaire arboré par le Frère, régulièrement élu pour un an, afin de diriger les travaux d’un Atelier Maçonnique. Normalement, un « bijou », constitué d’une équerre dorée, devait se trouver à l’extrémité de ce sautoir… il fut sans doute perdu.

Josette venait de retrouver la seule trace de l’activité secrète de son grand-père ayant échappée à l’autodafé familial. Cette trouvaille lui inspira alors… Dieu sait pourquoi, l’envie de faire une farce à l’ensemble de la communauté des chercheurs se penchant, depuis des dizaines d’années, sur l’histoire du trésor de Rennes-le-Château.

Cette histoire, elle ne la connaissait que trop puisque, ainsi que je l’ai déjà indiqué, Josette était la petite-nièce de l’abbé Bérenger Saunière… sa propre grand-mère étant la sœur du prêtre.

Adolescente, puis jeune-fille, elle avait pour habitude, dans les années 1940-1950 et avec l’autorisation de Marie Dénarnaud dont elle était très proche, d’aller régulièrement étudier dans la Tour Magdala… ce qu’elle appelait « le bureau du curé ». La grande bibliothèque bien garnie de l’abbé lui était d’une aide précieuse et elle pouvait facilement arriver à bout de ses devoirs en « piochant » dans l’abondante documentation qu’elle avait à disposition. Sa réussite scolaire fut vraisemblablement facilitée par le « fonds Saunière » auquel elle empruntera, il faut bien le dire, quelques spécimens.

La suite… vous la devinez. Josette présenta un beau jour de 2007 le sautoir à Antoine Captier en lui indiquant qu’elle avait trouvé l’objet, quelques années auparavant, dans une malle contenant les affaires personnelles de l’abbé, dans la Tour Magdala. Elle venait de retrouver l’ornement vestimentaire et se proposait, tout naturellement, de leur céder.

C’était là le « scoop du siècle » et, en toute évidence, les époux Captier ne purent que croire sur parole celle qui venait de découvrir un élément nouveau dans l’affaire, déjà bien embrouillée, des Deux Rennes.

Parente de l’abbé, proche de Mademoiselle Marie et visiteuse assidue, durant de nombreuses années, du bureau du prêtre où elle avait eu tout loisir de fouiller et chercher… l’histoire de Josette était donc totalement crédible, reconnaissons-le. En totale confiance, Antoine et Claire Captier tombèrent dans le panneau… qui donc ne les aurait pas suivis dans une aventure pareille ?

Pour qui n’est pas au fait de la Franc-Maçonnerie, qu’un « décor » relevant de l’obédience du Grand-Orient soit trouvé dans les affaires d’un prêtre Royaliste ne posait pas d’interrogations métaphysiques particulières.

Comme l’indique, à juste titre, Marc Rambiel dans l’article que j’ai cité précédemment, : « Avant toute chose, replaçons les faits dans leur contexte. La période durant laquelle se situe l’aventure de l’abbé Saunière est la moins propice à l’éventualité d’une appartenance de l’abbé à la Maçonnerie. Le Grand Orient qui n’a plus de maçonnique que le nom (la situation est la même de nos jours…) est devenu une machine de guerre antireligieuse et, sur le plan politique, le bras armé de la gauche radicale et anticléricale. Comment imaginer dans un pareil climat de haine contre l’Église un ecclésiastique entrer en Maçonnerie ? »

Cette analyse claire, juste et pertinente est le fait d’un chercheur connaissant parfaitement la Franc-Maçonnerie. Antoine et Claire Captier, manifestement, n’étaient pas avertis de ces « subtilités » et se firent joliment duper par la petite-nièce de l’abbé… une multitude de chercheurs les suivirent, têtes baissées.

La blague prit de l’ampleur et généra une grosse production d’études, d’hypothèses et théories aussi alambiquées les unes que les autres. « On ne prête qu’aux riches » affirme le dicton… l’affaire de Rennes-le-Château n’était pas à une extravagance près.

Lorsque j’ai expliqué à Josette toute l’importance qu’avait pris sa petite farce et les conséquences que cela avait, par la suite, entraîné… elle fut surprise et amusée. Non ! Elle ne se serait jamais doutée qu’une telle publicité puisse être donnée à une information qu’elle jugeait anodine. Non ! Elle ne regrettait pas le moins du monde d’avoir inventé une telle fable… mieux que cela, la large divulgation de la fausse nouvelle la remplissait d’aise.

A 91 ans, la vieille dame possède toujours une espièglerie et une malice de petite-fille. Elle conserve sa mémoire intacte et se montre très psychologue et perspicace quant au petit monde des chercheurs.           
Pour preuve, je terminerais mon propos en indiquant que, lorsque je lui ai demandé l’autorisation de rédiger un petit article relatif à « l’affaire du sautoir », afin de clarifier les choses une fois pour toutes, elle m’a alors dit la chose suivante.

« Mon pauvre… vous pouvez toujours raconter tout ce que je vous ai dit, et donner tous les détails possibles… vous verrez bien que certains ne vous croiront jamais, vous diront que je suis une menteuse et que j’ai tout inventé. Vous pensez-bien, une histoire comme celle-là… ils sont trop heureux d’y croire ».

Je ne suis pas toujours d’accord avec cette drôle de dame mais, sur ce point précis… je ne peux que lui donner raison.

Aronnax, Finis Terrae, avril 2017

● P.S : Un grand merci  à Patrick Mensior pour son concours appréciable dans l’élaboration de cette étude.

 


 

 

Les Sociétés Secrètes et l’énigme des Deux Rennes aux XIX° et XX° siècles

Dans l'excellente étude de Gérard Galtier faisant l’objet du chapitre "Les Rose Croix de Toulouse" (tiré de l’ouvrage de Jean Pierre Laurent et Victor N'Guyen : "Les Péladan" l’Age d’Homme 1990), un membre de l’illustre famille d’Hautpoul est cité à plusieurs reprises comme appartenant à la Loge maçonnique « La Sagesse » à l’Orient de Toulouse.

Il peut s'agir de Pierre Marie Charles d'Hautpoul de Seyre car il semble que ce soit un membre de cette branche.
Si la loge "La Sagesse" (fondée en 1757 et peut-être même avant sous un autre nom) appartenait à l'obédience du Grand Orient de France, elle était composée majoritairement de légitimistes soutenant le Comte de Chambord et ultra-catholiques... ce qui parait invraisemblable pour une Loge de cette obédience de nos jours

Il y a eu une "affaire La Sagesse" qui a remué le monde maçonnique toulousain sous le règne de Louis Philippe. En effet, comme indiqué supra, cette Loge était la seule légitimiste dans un milieu ou les "Frères" étaient Orléanistes, donc proches du pouvoir en place, et les autres libéraux et Républicains. Sept Loges "plaignantes" avaient donc demandé au Grand Orient de prendre des sanctions contre leurs Frères ultras. Parmi les cinq chefs d'accusation portés devant la juridiction de l'obédience il était fait mention du "caractère politique anti-gouvernemental et antinational de son action" et du "manque de fraternité envers les visiteurs de l'Orient"... ces Frères là ne devaient pas aimer se mélanger...

Battus en première instance devant la Grande Chambre Symbolique le 12 février 1833, les plaignants furent déboutés en appel le 30 décembre de la même année.
C'est dire que la Juridiction se montrait "coulante" avec La Sagesse. Ce qui contribua à causer un malaise profond entre le Grand Orient et les autres Loges.

Gérard de Sède évoquera cette affaire dans son dernier livre, "Rennes-le-Château : le dossier, les impostures, les fantasmes" (page 207) mais, comme souvent, il «brodera» sur le nom des membres de la famille Hautpoul appartenant à cet Atelier.

Bref ! le Grand Orient restait royaliste tendance "dure", ce qui est paradoxal dans la mesure où, à la même époque, La Sagesse faisait l'objet d'une surveillance très forte de la police du Roi, le Préfet en poste demandant qu'une égale répression soit exercée à l'encontre de la loge légitimiste et les loges dites libérales précisant : « Il est ici dans l’intérêt de l’influence politique de l’administration de frapper autant que possible les deux factions à la fois ». (Lettre du Préfet de Haute-Garonne en date du 3 février 1885)

De fait, il y aura un réel malaise au sein du Grand-Orient à cette époque, l’organe dirigeant n’étant plus en communion d’idées avec la majorité des Loges de l’Obédience.
Un Hautpoul se serait fait initier dans cette loge en 1836... peut-être Charles, futur Vénérable.

Outre l'action en faveur du prétendant légitimiste et un catholicisme intransigeant, La Sagesse apporta un soutien sans faille aux exilés "carlistes" espagnols.
Charles d'Hautpoul et Casimir Du Gabé, qui seront tous deux dirigeants de La Sagesse, constituant "l'Agence légitimiste pour l'insurrection espagnole" qui n’hésitera pas à fournir argent et armement aux carlistes et en accueillant sur leurs terres des proscrits espagnols appartenant à cette mouvance.
(voir ce qui suit).

Pages 239 et 240 de l’article de Véronique CLARENC « Toulouse, capitale du Carlisme Catalan» -
« Annales du Midi » N°202 - 1993

Pourtant...La Sagesse était, selon Paul Pistre, "l'Atelier le plus respecté de Toulouse, le conservatoire de l'orthodoxie et le Temple privilégié de l'Art Royal"… la politique n’empêchait manifestement pas le travail initiatique et philosophique.

Charles d'Hautpoul (de Seyres ?) fut, à la fois, Vénérable de La Sagesse et dirigeant de "l'Affiliation Catholique"... qui avait été fondée en 1831 par le Chevalier Louis Adrien PELADAN (père de Joséphin... le Sâr), l'Abbé Antoine Eugène de GENOUDE et le Baron Jacques Honoré de LOURDOUEIX, tous légitimistes convaincus.

Vers 1850, pour une raison qui reste à éclaircir, le caractère fondamentalement ultra-catholique et légitimiste de La Sagesse perd de sa virulence. La Loge disparaît ou, tout du moins, se démocratise et les sociétés secrètes légitimistes renoncent à leur activisme.
Il est même indiqué que d'Hautpoul aurait rallié la cause des Orléans… ce qui semble paradoxal au vu de l’intransigeance politique qu’il manifestait auparavant… les temps avaient changé.
Mais, la nature ayant horreur du vide, surtout dans le domaine de la spiritualité, c'est à ce moment que va apparaître l'Ordre de la Rose-Croix de Toulouse, fondé par le Vicomte Louis Charles Edouard de LAPASSE (1792-1867).
La R+C de Toulouse n'est qu'une résurgence du Christianisme Hermétique pratiqué par certains membres de La Sagesse et d'autres organisations dont nous reparlerons. Tous légitimistes convaincus, persuadés que le Comte de Chambord (Henri V) est le Grand Monarque annoncé par les prophéties (celle de Nostradamus, Orval, mais aussi par tous les mystiques de l'époque). Activisme légitimiste, ultra catholicisme, traditions ésotériques fondamentalement liées à la Terre Occitane feront que l'Ordre de la Rose-Croix de Toulouse constituera un nouveau cercle occulte destiné à promouvoir l'accession au trône du "Roy de Blois", le "Chyren" de Nostradamus... restaurateur de la vraie foi.

Ce qu'il faut retenir c'est qu'une organisation "civile" ou "profane" va agréger tous les acteurs légitimistes et catholiques "ultras" de la région... il s'agit de l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse.
En faisaient partie en qualité de "Mainteneurs" comme on disait (infos tirées du chapitre Les R+C de Toulouse de Gérard Galtier- Dossier Les Péladan de JP Laurent- L'âge d'homme 1990) :

L'Archéologue Alexandre DU MEGE, qui fera des expertises à Rennes-les-Bains. Il fut un ardent propagateur de la Maçonnerie hermétique dite "Egyptienne".
Charles Casimir Du GABE. Dirigeant à la fois de la Loge "La Sagesse" et de la Congrégation de l'Immaculée Conception (un mélange impossible de nos jours...)
Le Baron Gabriel LACOSTE de BELCASTEL, membre du Sacré Cœur de Paray le Monial... le nom de BELCASTEL va revenir...
Dom Antoine du BOURG, historien de l'Ordre de Malte.
Le Vicomte Louis Charles Edouard DE LAPASSE, très lié au Chevalier Louis Adrien PELADAN, c’est lui qui  fonda en 1850 l'Ordre de la Rose-Croix de Toulouse.
Firmin BOISSIN, autre fondateur de la R+C de Toulouse, qui fut l'initiateur en R+C du Docteur Adrien PELADAN (frère de Joséphin...le Sâr).
Donc, dans cette "association" de type 1901... des Maçons Egyptiens, Ecossais, des Rose Croix et tous Catholiques Légitimistes.

On se rapproche de l'affaire des deux Rennes car, Dom Antoine Du BOURG était le frère de Joseph Du BOURG, connaissance de l'abbé BOUDET. Joseph Du Bourg était le représentant du Comte de Chambord dans les 11 départements du sud-ouest. C'est lui qui aurait été chargé de remettre un livre dédicacé par le linguiste basque Antoine D'ABBADIE à Henri Boudet selon l’information que délivre Michel AZENS dans son livre très bien argumenté : "Voyage au centre de l'affaire" (éditions Pégase).

Il faut noter que l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse pratiquait un rituel déconcertant.
Chaque année, le 3 mai, les Mainteneurs des Jeux Floraux allaient en pèlerinage à l'autel de la Vierge Noire de l'église de Notre Dame de la Daurade. Des fouilles ont permis d'établir que le sanctuaire marial avait été édifié sur le site d'un temple dédié à une divinité païenne... Minerve ou Isis.

Drôle de pratique pour des catholiques traditionalistes.

Après le mort du Comte de Chambord, en 1883, le courant légitimiste perd force et vigueur sur le plan politique.
Si, sur le plan religieux, les légitimistes conservent leur foi intacte, les membres des cercles "ésotériques" doivent se résigner à trouver d'autres Ateliers.
En effet, la III° république installée c'est "le triomphe temporel de la Franc-Maçonnerie".
Le Grand-Orient de France s'est finalement et définitivement placé à gauche du spectre politique et les Frères qui soutenaient l'ancien régime et pratiquaient "une certaine forme de christianisme hermétique" ont été contraints de quitter ses Ateliers... le schisme initial entre obédiences « laïques » et « spiritualistes » date en partie de cette époque (la querelle dite « du Grand-Architecte » n'arrangera pas les choses).

Ces Francs-Maçons chrétiens rejoindront les obédiences pratiquant une Maçonnerie Chevaleresque de type Rite Ecossais Rectifié, ou des obédiences dites "Egyptiennes", et aussi, plus tard, l'ordre de la Rose-Croix de Toulouse et le Martinisme.

L'avènement d'Henri V, le Grand Monarque, devenant un rêve évanoui, certains légitimistes verseront dans le millénarisme, l'occultisme et se feront les supporters de Naundorf et de John (ou Georges) Freeman... prétendants cachés au trône de France... affaire classée de ce côté là.  

Clovis LASSALLE , la Rose-Croix… et Rennes-le-Château

Pour en revenir à notre affaire, La Rose-Croix de Toulouse prend soudain un autre aspect à la lecture de l'étude qu'a faite Jérôme CHOLOUX (site passion-rlc.fr) relative à un nom apparaissant sept fois dans les carnets de correspondance de Bérenger Saunière... celui de Clovis LASSALLE.
Dans la biographie commentée de Harvey Spencer LEWIS, fondateur de l'Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix, parue chez "Diffusion Rosicrucienne" en Juin 2013, il est expliqué que H.S Lewis, désireux d'intégrer l'ordre de la Rose-Croix, se rendit à Paris en 1909 afin d'y rencontrer un "libraire parisien connu pour fréquenter des membres d'organisations secrètes". (Il est possible qu'il s'agisse de Henri Durville, éditeur et libraire au 23 rue Saint-Merri à Paris.)
Il rencontrera également un professeur de langues demeurant Boulevard Saint-Germain, les deux français procédant à des "enquêtes" sur le postulant.
Pourtant, à Paris, alors que la Rose Croix catholique de Péladan et l’Ordre Kabbalistique de la R+C de Stanislas de Guaïta étaient encore en activité, il sera recommandé à Lewis de « se rendre à Toulouse afin de recevoir d'autres instructions ».

Le 11 août 1909, il rencontrera au Capitole son "contact", qu'il désignera comme étant un photographe. La biographie de Harvey Spencer Lewis précise que cet homme était Clovis LASSALLE (1864-1937).

Harvey Spencer LEWIS

Cette indication est corroborée par le fait que, dans les archives de l'AMORC, figure une lettre de Clovis LASSALLE datée du 26 août 1909.

Son contact lui ayant donné une adresse, Harvey Spencer Lewis s'y rendra le 12 août. Il décrit un "château entouré de hauts murs et situé sur une colline", la demeure étant éloignée de Toulouse. Reçu par un certain Raynaud E. de BELLCASTLE-LIGNE, un homme âgé de 78 ans, celui-ci lui montrera un ancien temple Rose-Croix où les R+C se réunissaient vers 1850. L’homme précisera néanmoins que « le Temple est utilisé de temps à autre par les Francs-Maçons ».
Il est amusant de constater que le nom de BELLCASTLE-LIGNE ressemble beaucoup à celui de BELCASTEL, Gabriel Lacoste de Belcastel, mainteneur des Jeux Floraux de Toulouse, étant décédé en 1890, l'un de ses héritiers était peut être l'homme qui reçu Lewis ?
Au terme d'une cérémonie d'initiation, au rituel très élaboré et riche en symbolisme, une réunion se tiendra au château et c'est bien Clovis LASSALLE qui l'animera.
H.S Lewis sera alors mandaté pour implanter le Rosicrucianisme aux USA et des documents anciens lui seront donné à consulter.

 

Lettre de Harvey Spencer LEWIS à son épouse en date du 13 août 1909 le lendemain de son initiation
« at last i am in the R+C »

Béranger Saunière de 1900 à 1903 correspondra avec Clovis LASSALLE. Les deux hommes se connaissaient vraisemblablement avant 1900 comme l'indique l'intitulé du premier courrier du carnet de correspondance de Béranger Saunière mentionnant : " Clovis Lassalle - Toulouse. Viendra quand il pourra" - Octobre 1900".
Dans leurs échanges épistolaires, Clovis Lassalle informe Saunière de son mariage prochain en septembre 1901. Il est question également d'envoi de cartes.
Quels pouvaient-être les liens entre le curé d’un village perdu du Razès et un photographe de renom à Toulouse… qui plus est semblant haut-placé dans l'ordre moderne de la Rose Croix et chargé de propager sa "doctrine" aux USA ?

Pour essayer de synthétiser tout mon propos... ce qui n'est pas aisé au vu de la multitude d'éléments formant cette nébuleuse qu'est l'histoire occulte des Deux Rennes :Des organisations légitimistes ultra catholiques œuvrant pour la Des organisations légitimistes ultra catholiques œuvrant pour la restauration d'une royauté dirigée par un Monarque de souche "régulière".
Des sociétés secrètes comptant en leurs Ateliers des membres de l'aristocratie et des notables de cette tendance légitimiste.
Sociétés diverses au cours des âges mais pratiquant un "christianisme hermétique" proche des tendances gnostiques.
Une académie des Jeux Floraux... vitrine légale et artistique datant du moyen âge mais dont les membres, et à plus forte raison les dirigeants, appartiennent au courant politique légitimiste et à ses annexes activistes, aux cercles occultes (Franc-Maçonnerie, Rose Croix) voire aux deux.
Le tout centré sur la ville de Toulouse... véritable creuset de tendances religieuses et spirituelles ancestrales et variées.
Dans un créneau de temps allant de la fin XVIII° au début XX° siècles.

Ainsi que l'a fait remarquer un membre du forum des chercheurs (Grominet), Picot de Lapeyrouse, Franc-Maçon notoire, siégeait à l'académie des Jeux Floraux au Premier fauteuil.Tout comme le Comte Henri de Bégouën qui fut le divulgateur de l'AA cléricale... combien d'ecclésiastiques membres de l'AA sur les rangs des Jeux Floraux ? Et combien dans les Loges ? Désolé pour ceux qui prêchent un antagonisme virulent à cette époque entre l’Eglise et les sociétés initiatiques mais l’encyclique « Humanum Genus » du bon Pape Léon XIII ne semblait pas toujours être appliquée à la lettre.

L'ABC de Rennes de Château (encyclopédie de RLC) nous apprend qu'un certain Jean GIROU, dans son livre "L'itinéraire en terre d'Aude" signale en 1936 "qu'un trésor aurait été découvert par le curé de Rennes-le-Château"... il est donc historiquement le premier qui ait parlé de ce "mystère", 19 ans à peine après la mort de Saunière hors... Jean GIROU était un membre de l'académie des Jeux Floraux, au 19° fauteuil en 1950.
Deux membres de cet "agrégat" politico-ésotérico-artistique ont eu partie plus ou moins liée avec les prêtres du Razès.
Joseph du Bourg... frère de Dom Antoine du Bourg des Jeux Floraux connaissait Henri Boudet et s'est chargé de remettre un exemplaire dédicacé du livre de Antoine Thompson d'Abbadie au curé de Rennes-les-Bains.
Clovis Lassalle, Rose Croix notoire et haut gradé de cet ordre, connaissait Béranger Saunière assez intimement.

Qu'avaient donc à faire des membres toulousains de sociétés plus ou moins "discrètes" avec deux curés en poste dans des villages perdus ? Quel intérêt à les fréquenter... même épisodiquement ?

Pourquoi des membres éminents de la tendance légitimiste (tous cercles confondus) prenaient-ils contact avec Saunière?
La Comtesse de Chambord fit des versements, au moins deux de 3000 FF au total, après la mort de son époux.
Jean Orth (Jean Salvador de Habsbourg, Archiduc d'Autriche) se serait rendu à R.L.C vers 1890... Béranger Saunière avait de belles relations.

C'est vrai qu'après 1909 les choses se compliquent pour lui... pourtant Mgr de Beauséjour est un ardent royaliste comme lui... cela ne colle plus !!!
Il prendra attache avec Lassalle... qu'avait-il à lui proposer... à proposer à la R+C ? Qui n'intéressait plus le courant légitimiste en déliquescence ?

Je pense, c'est tout à fait personnel donc subjectif, que les prêtres du Razès avaient une "garantie"... une "caution" qui pouvait servir la cause du Comte de Chambord en tant que Grand Monarque. N'oublions pas que selon les prophéties ce dernier était secondé d'un Grand Pape... le fameux duo incarnant les pouvoirs Spirituel et Temporel des Indo Européens (Arthur/Merlin, Indra/Varuna, Mars/Quirinus etc...)
Un dépôt sacré ? Une révélation de nature à rebattre les cartes ? Des preuves indubitables d'une filiation sacrée ? Les hypothèses restent ouvertes…
Il y avait, en tout cas, un immense trésor en numéraire sonnant et trébuchant en plus du reste.

Politique, Religion, Philosophie et Spiritualité occulte sont liées dans ce scénario... avec des ramifications dans un certain milieu artistique. Cela aura déjà été le cas au XVII° siècle avec les Rose- Croix et les cercles pré-maçonniques, la Compagnie du Saint Sacrement (et les Jansénistes) face à l'absolutisme royal... avec en corollaire des sociétés comme l'académie des Arcades et des peintres "dans le secret". A l'époque cela se jouait sur Paris et Rome.

Sur Toulouse au XVIII°, XIX° et début XX°... Les légitimistes, l'AA, La Sagesse, la Rose Croix et l'académie des Jeux Floraux.

Mais, à chaque fois, au fil du temps, une évocation plus ou moins marquée de l'Arcadie... des voyages d'antiquaires dans le Razès, des peintures bizarres, des tombes qui changent de formes sur le méridien de Paris, des rencontres surréalistes entre des R+C et des prêtres royalistes, des fouilles dans les mines, des églises à énigmes, des livres à clés etc... Sur un très petit espace... depuis très longtemps.

Je suis aussi persuadé qu'à un moment... au début 20°, des acteurs plus ou moins bien informés sont "montés" à Paris et le secret à alors transpiré là-bas. Chat Noir pour les artistes ? Martinisme et F:.M pour les occultistes ? En tout cas c'est là que Pierre Plantard a trouvé son "matériau de base", quand il fréquentait les membres d'Atlantis par exemple.
Paul Le Cour, fondateur du mouvement Atlantis, n'a t'il pas écrit dans sa revue un article intitulé
"Un Rose-Croix moderne... Paul La Curia" car L'abbé La Curia faisait partie de la Rose-Croix de Toulouse... encore un prêtre qui fréquentait de biens mauvais lieux.

Pierre Plantard a eu connaissance ou accès à un "dossier" fort bien renseigné mais partiel concernant le "secret des Deux Rennes".


Il en a tiré ses "dossiers secrets" et toute la littérature qu'il a chargé Gérard de Sède et Philippe de Chérisse de servir au public…. Tout en se gardant bien de leur en divulguer le contenu…

Il a vraisemblablement cru à son destin de Grand Monarque... le Mérovingien remplaçant le Capétien et le Prieuré de Sion les cercles hermétiques légitimistes. Il a simplement eu des informations partielles et les a mal comprises... ce qui fait que son "scénario" sonne parfois agréablement en concordance avec les éléments réels de l'affaire.
Le Serpent Rouge, les parchemins, l'Arcadie, un certain aspect de l'Histoire et plein d'autres éléments ont été délayés dans une soupe romanesque, avec tout le talent de Gérard de Sède.

Paul Le Cour écrivait, dans le numéro 50 d'Atlantis, daté de décembre 1933 : " Nos recherches d'archéologie traditionnelle touchant au côté caché des religions, comment dire ce que nous avons à dire sans nous exposer à des reproches ? Le mieux sans doute est de poursuivre notre route en toute indépendance entre disciples d'AOR (ceux de l'Eglise) et ceux d'AGNI (les Francs-Maçons") qui se tournent le dos avec horreur. Et cependant, s'il est une Grand-Œuvre à réaliser, n'est ce pas celle qui réunirait les deux colonnes du Temple actuellement séparées, en restaurant cette maçonnerie chrétienne dont firent jadis partie des hommes d'Eglise et Joseph de Maistre lui même, considéré comme l'une des lumières du catholicisme ». 

AOR -AGNI ... des initiales qui rapprochent.

Aronnax – Juillet 2016

Sources - Bibliographie
L'excellent site de Jérôme Choloux "passion-rlc.fr".

Michel Vallet, "L'histoire du trésor de RLC".

L'ABC de Rennes le Château (édition Arqa).Revue maçonnique L'Acacia... septembre 1929 article "l'affaire de la Sagesse" de Gaston Martin.

Les posts de Grominet.

Revue Atlantis N° 50 de novembre 1933.

Le site de Claudie Dussert (Entraide Généalogique du Midi Toulousain)... rubrique "Les Francs Maçons".

Excellent article de Gérard Galtier dans "Les Péladan" dossier conçu par JP laurent et Victor N'Guyen. L'âge d'homme 1990.

Biographie de H.S Lewis - Diffusion rosicrucienne -Juin 2013.

"RLC , le dossier, les impostures, les fantasmes, les hypothèses" - Gérard de Sède - Mai 1988

"La Franc Maçonnerie occultiste au XVIII° siècle et l'ordre des Élus Coens" - René Le Forestier - La Table d'Emeraude - Juin 1987.
Dictionnaire Initiatique – Hervé Masson – Pierre Belfond, Sciences Secrètes.
Comte Begouen, « Une société secrète émule de la compagnie du Saint-Sacrement. L’AA de Toulouse aux XVII° et XVIII° siècles » Synthèse critique de E.Albe dans la rubrique « Comptes rendus » de la Revue d’histoire de l’Eglise de France.


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